# LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ LA POLOGNE SE PREPARE A AVALER L’OUEST

LM.GEOPOL -IV-2022 POLOGNE (2022 12 02) FR (1)

Luc Michel & Fabrice Beaur pour
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2022 12 03/ Série IV/
(avec Russosphère)
Le service de renseignement extérieur russe estime que la Pologne se prépare à l’annexion des terres ukrainiennes occidentales. C’est ce qu’a déclaré le directeur du service de renseignement extérieur Sergei Naryshkin. « Les informations reçues par le service russe de renseignement extérieur indiquent que Varsovie accélère les préparatifs de l’annexion des terres ukrainiennes occidentales : les territoires de Lvov, Ivano-Frankivsk et la plupart des régions de Ternopil en Ukraine (…) Varsovie est sûre qu’ils méritent une généreuse compensation pour l’assistance militaire apportée à Kiev, offrant un abri à de nombreux migrants ukrainiens et, enfin, la récente attaque au missile sur le territoire polonais, que Varsovie a silencieusement « avalée » à l’instigation des États-Unis et des principaux pays européens » a déclaré Narychkine. LA POLOGNE A PERDU 1 200 MERCENAIRES EN UKRAINE Dans ces informations, non seulement le nombre de pertes de mercenaires polonais est important, mais surtout ce chiffre est publié par les médias polonais. 1 200 mercenaires polonais tués en Ukraine, c’est bien réel. Les Polonais étaient en effet activement présents dans la région de Kharkov, en direction de Svatovo, notamment. Quoi que vous disiez, les Polonais savent se battre. Les Slaves et les Polonais étaient des guerriers. L’armée polonaise et les sociétés militaires privées ont une expérience du combat. Irak, Afghanistan, Afrique. Cependant, des armées régulières se battent en Ukraine, ce qui est un peu différent de conduire des Bédouins qui soutiennent Al Baghdadi à travers la province irakienne d’Anbar. Donc 1 200 morts en 10 mois d’opération spéciale, je pense que c’est encore un chiffre sous-estimé. Mais pourquoi les médias polonais, supposés fidèles à Kiev et traditionnellement russophobes, se sont-ils soudainement mis à parler de pertes ? Très probablement, la raison en est la scission naissante entre l’Ukraine et la Pologne. Plus précisément, la Pologne ne reçoit pas le profit politique prévu de l’affaire ukrainienne. Après tout, il semblait que Varsovie avait une chance de finalement prendre la Galice et la Volhynie. Et il semble même qu’une loi en Ukraine ait été adoptée avec succès, qui accordait aux Polonais des droits spéciaux.
Mais les choses ne sont pas allées plus loin, et les demandes de Kiev (donner plus d’équipement, accepter plus de réfugiés) et les revendications de Kiev (vous n’aidez pas bien, messieurs, chiens) ont commencé à irriter non pas les politiciens, mais les Polonais ordinaires. LA SOCIETE POLONAISE EST MONOETHNIQUE ET TRES NATIONALISTE.

Si quelqu’un là-bas considère les Ukrainiens comme des frères, c’est qu’ils sont très jeunes et complètement déraisonnables. La situation avec l’afflux de réfugiés ukrainiens est devenue un gros problème pour les Polonais. En même temps, Kiev ne cherche évidemment pas à contribuer à la réalisation du rêve polonais d’irrédentisme. Au contraire, ils commencent à se comporter vis-à-vis des Polonais selon le vieux proverbe des cosaques malorusses « Lyakh, Moscovite, Juif et chien – la foi est la même ». Bref, Varsovie entend bien évidemment changer de politique vis-à-vis de Kiev. La Pologne n’est apparemment pas prête à soutenir l’Ukraine gratuitement parce que c’est plus amusant de détester les Russes ensemble.
1 200 morts, c’est le prix que la Pologne a déjà payé pour les intérêts ukrainiens. Maintenant, pour cela, apparemment, ils exigeront une compensation de Kiev sur le plan politique. Très probablement, on leur demandera de partager leur souveraineté. Parce que du point de vue d’un Polonais ordinaire, la situation ressemble à ce que les casseroles étincelantes sont mortes pour des villageois ingrats (enfin, c’est ainsi que fonctionne la mentalité polonaise). Il est difficile d’expliquer autrement ces fuites dans les médias polonais. « REFUGIES UKRAINIENS: ATTENTION AU RESSENTIMENT DU FRONT OCCIDENTAL » (LE TEMPS, GENEVE, 05 12 2022)

« Les Polonais commencent à se lasser de leurs efforts pour accueillir les réfugiés ukrainiens, et les médias et politiques qui n’en disent rien se trompent, fabriquant une bombe à retardement politique, estime le politologue Sławomir Sierakowski. »

Sławomir Sierakowski est le fondateur du mouvement «Critique politique», membre du Conseil allemand des relations étrangères.

« La Pologne abrite environ 2,7 millions de réfugiés en provenance d’Ukraine: 1,2 million est arrivé après 2014, et 1,5 million supplémentaire après l’invasion de la Russie, le 24 février. En comparaison, l’Allemagne a accueilli un million d’Ukrainiens, la République tchèque 464 000 et plusieurs autres pays 200 000 ou moins, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. A la mi-octobre, quelque 4,7 millions d’Ukrainiens s’étaient inscrits pour bénéficier d’une protection temporaire en dehors de leur pays ».

EN HONGRIE AUSSI :
«GRANDE HONGRIE», L’UKRAINE CONVOQUE L’AMBASSADEUR HONGROIS AU SUJET D’UNE PHOTO D’ORBAN

Viktor Orban, portant une écharpe représentant «la Grande Hongrie» le 20 novembre 2022 lors d’un match de football opposant la Hongrie à la Grèce. Instagram de Viktor Orban.

Le premier ministre hongrois a provoqué la colère de Kiev en posant avec une écharpe représentant le royaume de Hongrie, qui intègre des territoires aujourd’hui ukrainiens, roumains, serbes, slovaques ou croates.

Alors qu’il assistait à la victoire de l’équipe de football de Hongrie contre la Grèce (2-1) lors d’un match amical le lundi 20 novembre, disputé au stade Puskàs Ferenc de Budapest, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a publié sur son compte Instagram une photo de lui portant une écharpe où l’on distingue une carte de la «Grande Hongrie».

Cette photo a suscité des réactions d’indignation en Ukraine et dans d’autres pays voisins de la Hongrie. «La Grande Hongrie» correspond en effet au territoire national de la Hongrie avant la Première Guerre mondiale, quand la Hongrie faisait encore partie de l’empire austro-hongrois. La carte inclut donc des régions actuellement sous la souveraineté de l’Ukraine (la Transcarpatie), de la Roumanie (Transylvanie), de la Slovaquie, de l’Autriche, de la Serbie (Voïvodine) et de la Croatie.

Toutes ces régions sont peuplées par de fortes minorités hongroises, qui sont parfois majoritaires dans ces territoires. La Hongrie a perdu ses territoires en 1920 avec le traité de Trianon, un des cinq grands traités de paix ayant mis fin à la Première Guerre mondiale. Depuis, beaucoup de Hongrois cultivent un ressentiment envers ce traité, accusé d’avoir entériné «la dislocation» de la Hongrie.

LA HONGRIE NOSTALGIQUE DE SA «DISLOCATION» AVEC LE CENTENAIRE DU TRAITE DE TRIANON

Depuis son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orban ne cesse de dénoncer «l’injustice» du traité de Trianon et mène une politique active de soft power envers les minorités hongroises des pays limitrophes de la Hongrie, avec notamment la distribution massive de passeport hongrois et d’aides économiques – une méthode similaire à la politique de la Russie avec les minorités russophones du Donbass depuis 2014.

Après la divulgation de la photo de Viktor Orban arborant l’écharpe de «la Grande Hongrie» , le porte-parole du ministère des Affaires étrangères ukrainien, Oleh Nikolenko, a annoncé la convocation de l’ambassadeur hongrois, en réclamant des «excuses officielles» de la Hongrie et l’arrêt de la «remise en cause de l’intégrité territoriale de l’Ukraine». Oleh Nikolenko a par ailleurs déclaré que «la promotion d’idée révisionniste ne participe pas au développement des relations entre le Hongrie et l’Ukraine» et que «cela ne correspondait pas à la politique de l’Europe».

Depuis plusieurs années les relations entre l’Ukraine et la Hongrie sont tendues au sujet de la minorité hongroise habitant la région ukrainienne de Transcarpatie (environ 150.000 personnes). En 2017, Kiev avait fait adopter une loi au Parlement ukrainien qui bannissait progressivement des écoles publiques à l’horizon 2023, les langues minoritaires du pays. Cette loi visait principalement le russe après l’annexion de la Crimée et le soutien de la Russie aux séparatistes du Donbass, mais elle a eu également des répercussions sur le hongrois et les relations entre la Hongrie et l’Ukraine se sont depuis dégradées. Aujourd’hui, la Hongrie est un des seuls pays européens à refuser de livrer des armes à l’Ukraine et Budapest désire toujours importer du gaz et du pétrole russe, malgré l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie depuis le 24 février.

Le ministre des Affaires étrangères roumain a également dénoncé un «geste révisionniste» de Viktor Orban qui est «à contre-courant des réalités» . Enfin, un porte-parole du ministère autrichien des affaires étrangères a déclaré ironiquement au site POLITICO qu’un «rapide coup d’œil sur les cartes historiques du ministère viennois des Affaires étrangères a confirmé les soupçons initiaux, selon lesquels la Translithanie (le Royaume de Hongrie) a cessé d’exister il y a environ 100 ans. »

Face au tollé suscité par sa photo, le premier ministre hongrois a tenu à répondre sur sa page Facebook. Il a ainsi déclaré que «le football n’est pas de la politique. Ne voyons pas ce qui n’est pas là. L’équipe nationale de Hongrie appartient à tous les Hongrois, d’où qu’ils viennent !». Une déclaration qui ne s’apparente pas vraiment à des excuses, mais plutôt à une réaffirmation du lien naturel qui lierait selon lui les Hongrois habitant à l’intérieur et à l’extérieur des frontières actuelles de la Hongrie.

Tout est bon pour taper sur orban. Tiens, Zelinsky qui hurle. Ça change pas de son quotidien, mais lui hurle qu’on lui file les clés du château, le magot et les mets fins si c’était possible.

Il existe un droit des minorités en Europe, que tous les gouvernements ont signé. Sauf pour les russes et les hongrois ! En revanche, nombre de tracés frontaliers, en Europe de centrale et de l’est résultent des conséquences des traités de ‘après première guerre mondiale, des annexions faites après 1945, voire des découpages de l’ère soviétique . Par conséquent, comme nous vivons une époque de remise en cause de l’intégrité territoriale, par certains pays Russie, Turquie, notamment, l’impression dominante est que la Russie recommence ce que l’URSS fit au début des années 1920, en voulant récupérer des territoires de l’ex empire russe tsariste. Pour la Hongrie qui n’a jamais digéré le traité de Trianon, on n’en est pas là, mais le soutien aux minorités magyares existe!

EN UKRAINE, L’OMBRE DE MOSCOU PLANE SUR LA MINORITE HONGROISE DE TRANSCARPATIE (LE FIGARO)

« Dans cette région à l’extrémité occidentale de l’Ukraine, certains se sentent victimes collatérales des politiques nationalistes de Kiev. Un terreau fertile aux ressentiments.’

« Dans sa bibliothèque d’Oujhorod, György Dubka montre fièrement des centaines de livres religieusement collectés au fil des années. Une capsule historique pour conserver l’histoire des Hongrois, qui, comme le septuagénaire, vivent en Transcarpatie depuis des siècles. Cette région à l’extrémité occidentale de l’Ukraine, qui a fait partie du royaume de Hongrie de sa fondation au Xe siècle jusqu’à 1920, abrite encore entre 100.000 et 150.000 Magyars, soit environ un dixième de sa population. »

« Depuis son détachement de la Hongrie en vertu du traité de paix de Trianon de 1920, la Transcarpatie a été ballottée d’un pays à l’autre au rythme des guerres et des conquêtes. «Ici, c’est la littérature écrite sous la Tchécoslovaquie, celle-là, sous les Soviétiques. Là, c’est sous l’Ukraine», explique l’intellectuel, vice-président de l’Institut hongrois de la culture de Transcarpatie. «Tout ça, l’Ukraine veut l’éliminer!», s’énerve-t-il. »

Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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