# LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ LE PRESIDENT RUSSE A PLUSIEURS CARTES A JOUER MAIS DEMEURE PARFAITEMENT OPAQUE SUR SES INTENTIONS: QUELS SONT LES PROCHAINS OBJECTIFS DE POUTINE ?

LM.GEOPOL -IV-2022 ukraine perd II (2021 07 06) FR

Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2022 07 06/ Série IV/
(avec AFP – RTL)

« L’Ukraine est-elle en train de perdre la bataille du Donbass ? L’Ukraine a annoncé dimanche 3 juillet son retrait de Lyssytchansk, ville-clé du Donbass. La Russie continue de gagner du terrain dans la conquête de cette région stratégique. L’Ukraine a perdu dimanche 3 juillet le contrôle de la ville de Lyssytchansk et de la province de Louhansk. Après le retrait de Severodonetsk il y a une dizaine de jours, cette défaite est un nouvel échec important pour l’armée ukrainienne qui tente de conserver le Donbass face à l’armée russe (…) Après la province de Louhansk, l’armée russe fait cap vers l’ouest en direction de Donetsk, l’autre région du Donbass. La Russie vise la conquête de Sloviansk et de Kramatorsk, centre administratif de la province »
– RTL ce 6 juin.

« La Conférence de Lugano arrive-t-elle trop tôt ? Ce lundi, la Conférence de Lugano a permis d’aborder la question de la reconstruction de l’Ukraine. Michaël Eric Lambert, historien et analyste à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a analysé les enjeux de la conférence sur La Première ce lundi : « Vendre la peau de l’ours avant qu’il ne soit tué : le pays est occupé, un cinquième de l’Ukraine est occupé par la Russie, la Russie progresse et cette conférence arrive avec l’idée de reconstruction, cela peut sembler paradoxal… » (…) »
– Le temps, Genève, ce 6 juin ;

L’Ukraine a annoncé dimanche 3 juillet son retrait de Lyssytchansk, ville-clé du Donbass. La Russie continue de gagner du terrain dans la conquête de cette région stratégique.

La ville de Lyssytchansk tombée, la question se pose des prochains objectifs en Ukraine des forces russes dont la progression est régulière à grand renfort d’artillerie. Verrouiller le Donbass et la Mer Noire, navancer, négocier pour enregistrer des gains territoriaux et diviser l’Occident: le président russe Vladimir Poutine a plusieurs cartes à jouer mais demeure parfaitement opaque sur ses intentions. « Toutes les options sont ouvertes », résume Pierre Razoux, le directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES).

« TOUT EST POSSIBLE », CONFIRME ALEXANDER GRINBERG, ANALYSTE AU JERUSALEM INSTITUTE FOR SECURITY AND STRATEGY (JISS). « LES RUSSES VONT-ILS ARRETER ET PROCLAMER UNE GRANDE VICTOIRE OU ONT-ILS DES PLANS » DANS LE SUD DU PAYS?

Plus personne ne semble pouvoir empêcher les Russes de contrôler totalement le Donbass, déjà en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014. En face des villes jumelles de Severodonetsk et Lyssytchansk, tombées l’une après l’autre, se trouvent des objectifs alléchants pour Moscou. « La Russie peut espérer prendre Sloviansk et Kramatorsk et leurs alentours », estime Pierre Grasser, chercheur associé au laboratoire Sirice de l’université de la Sorbonne. « Avec Sloviansk, les forces russes espèreront retrouver une population – pour celle qui est restée sur place – assez amicale ».

VERROUILLER LA MER NOIRE

Les Russes ont rapidement pris Kherson, dans le Sud, lors des premiers jours de la guerre mais la situation sur les rives de la Mer Noire n’est pas stabilisée. « La guerre dans le Sud – et la libération des ports ukrainiens de l’emprise russe – est un front d’une bien plus grande importance stratégique » que le Donbass, estime Mick Ryan, un général australien à la retraite.

Le contrôle de la côte donnerait à Moscou une continuité territoriale avec la Crimée, annexée en 2014, et un accès aux ports ukrainiens sur la mer Noire.

VISER KHARKOV

Kharkov, la deuxième ville du pays (Nord-Est), à une encablure de la frontière russe, est restée sous contrôle ukrainien et pourrait constituer un objectif pour Poutine, selon Pierre Razoux. « En cas d’effondrement ukrainien et d’isolement complet de Kharkhov, les Russes pourraient obliger les Ukrainiens à faire un choix entre faire l’effort pour défendre Kharkov ou libérer la pression au sud, en direction de Kherson ».

Un dilemme dont le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’ignore rien. « Il lui faut disposer ses unités de façon à éviter une grande percée pendant les mois d’été, pour empêcher les Russes de couper en deux les forces ukrainiennes et d’encercler la grande poche de Kharkov », ajoute le chercheur.

Diviser l’Occident
A chaque progression militaire, Vladimir Poutine enfonce un coin dans la solidarité occidentale. Car Kiev, Washington, Paris, Londres ou Varsovie n’ont pas le même regard sur le conflit.

« L’objectif pour la Russie est de continuer à broyer les forces ukrainiennes en attendant que le soutien politique à l’Ukraine s’affaiblisse en Occident », fait valoir Colin Clarke, directeur de recherche du Soufan Center, un think-tank de New York.

Or, Kiev est sous perfusion d’une aide militaire occidentale significative mais ni assez rapide, ni assez volumineuse. « Les Ukrainiens comprennent que l’Occident ne peut pas fournir toutes les armes lourdes dont ils ont besoin », rappelle Alexander Grinberg.

Et chaque semaine de guerre accentue la pression sur les opinions publiques occidentales, sur fond d’inflation et de crise énergétique. « Les Américains peuvent dire aux Ukrainiens: +vous ne pouvez pas continuer+ », rappelle l’Israélien.

OUVRIR DES NEGOCIATIONS ?

Fin juin, le Kremlin avait entrouvert la possibilité de négociations. « Il faut ordonner (…) aux soldats ukrainiens de déposer les armes et il faut mettre en oeuvre toutes les conditions fixées par la Russie. Alors tout sera fini en une journée », avait déclaré Dmitri Peskov, porte-parole de Poutine.

L’homme fort du Kremlin pourrait de fait décréter ses objectifs remplis et justifier en interne une pause dans la guerre. « Il trouvera en face de lui un front désuni jusqu’au sein de la classe politique ukrainienne. Car même si Zelensky était tenté de lâcher le Donbass pour acheter la paix, son aile de droite et ses généraux « refusent tout compromis avec la Russie » », souligne Pierre Razoux. « Ils peuvent tolérer un conflit gelé mais pas une défaite ».

POUTINE ORDONNE DE CONTINUER LA GUERRE

Le président russe Vladimir Poutine a ordonné ce lundi à ses forces de poursuivre leur offensive dans l’est de l’Ukraine, au lendemain de la prise de Lyssytchansk, son homologue ukrainien le clown sanglant Volodymyr Zelensky mettant en garde que repousser l’envahisseur demanderait du « temps et des efforts surhumains ».

Dimanche soir, l’état-major de l’armée ukrainienne avait annoncé le retrait de ses unités engagées à Lyssytchansk, le dernier bastion de Kiev dans la région de Lougansk (est), que Moscou dit désormais contrôler totalement. « Pour les forces ukrainiennes, l’urgence est désormais de contenir la progression russe vers l’ouest et deux villes majeures de la région voisine de Donetsk: Sloviansk et Kramatorsk », dit l’AFP. Après la prise de Lyssytchansk, pièce maîtresse du plan de conquête du Donbass, un bassin industriel en partie contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014, « l’effort principal de l’ennemi (…) vise à un débordement progressif » des militaires ukrainiens sur cet axe, a déclaré lundi l’état-major ukrainien.

Dans la soirée, l’armée ukrainienne a fait état de tentatives d’assaut russes dans les régions de Kharkov (nord-est) et de Donetsk. Près de Sloviansk, « l’ennemi lance des assauts dans la direction de la localité de Mazanivka et y réussit partiellement », selon la même source.

L’armée russe a de son côté annoncé avoir détruit « sept postes de commandement » ukrainiens au cours des dernières 24 heures, « dont celui de la 25e brigade aéroportée dans la région de Siversk ». Le ministère russe de la Défense s’en est ensuite pris à des « néo-nazis ukrainiens » qui, à Belopolïé, dans la région de Soumy (nord-est), « ont miné des ponts sur la rivière Kryga, qu’ils ont l’intention de faire sauter » pour en accuser la Russie.

Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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