Par Fabrice Beaur (Фабрис Бэор), 24.12.2017, 19h00, heure de Moscou/
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Pour cette fin d’année, je vous livre, ici, un compte-rendu de la situation militaire de la lutte anti-terroriste et contre l’agression étrangère en République Arabe Syrienne qui se veut une synthèse des 15 derniers jours.
FRONT DE L’EUPHRATE
Depuis la libération de toutes les villes et autres villages sur la partie occidentale de l’Euphrate, l’Armée Arabe Syrienne (AAS), nous pouvons dire que l’opération de destruction du Groupe terroriste dit « Etat Islamique » (EI) est terminée pour l’essentiel en Syrie.
Nous pouvons confirmer cette victoire contre Daesh du fait que les territoires ainsi libérés étaient le cœur de sa domination lors de sa plus grande extension territoriale.
Certes, il y a encore des daeshistes dans le désert de l’Est syrien d’où les raids que nous avons pu constater ici et là sur l’Euphrate. Mais cela ne remet aucunement en cause la victoire stratégique de Damas sur les djihadistes de l’EI.
SYRIE DU NORD
Dans le Nord de la Syrie occupée par les soi-disant « Forces Démocratiques Syriennes » (FDS) qui n’est que le cache-sexe des YPG kurdes (le PKK en Syrie) soutenus par les Etats-Unis, les combats contre l’EI continuent. Et les combats ne sont pas à l’heure actuelle à l’avantage des kurdes mais de l’EI qui ont repoussé la dernière grosse attaque des mercenaires et idiots utiles de l’agenda géopolitique nord-américain dans la région, les YPG/FDS.
Face à cette dernière défaite, les FDS ont affirmé que l’AAS et l’EI combattaient ensemble contre eux. Amusant de voir une réaction enfantine d’accusation de l’autre pour expliquer sa faiblesse au combat. Par contre, on attend toujours les explications des FDS/YPG/Washington pour l’accord d’évacuation de Raqqa des terroristes de l’EI dont les djihadistes étrangers (le plus grand danger pour les pays de l’UE, la Russie et toute l’Asie centrale) et ses hauts cadres. Et cet accord que nient officiellement nos chers YPG, et Washington en tête, a pourtant été prouvé par des images, des vidéo et des témoignages d’un reportage … de la BBC. Media sous influence du Kremlin bien évidemment.
FRONT SUD
La zone frontalière avec la Jordanie est pour le moment figée. Un accord de cessez-le-feu a tenu jusque-là. Je dis, jusque-là, car ces derniers jours des tirs de roquettes dans la ville de Daara se sont fait entendre de part et d’autre. Et le regroupement de l’ASL dans cette région a déclaré rejeter la Conférence de Sotchi à venir. Cette Conférence se veut un format ouvert pour résoudre le conflit en Syrie afin de passer outre les blocages des négociations de Genève encore sous influences des parrains des différents groupes rebelles et terroristes, d’hier et d’aujourd’hui.
Mais le point chaud actuel des combats se trouve un peu plus au nord de cette zone, dans une poche djihadiste d’Al-Qaïda en jonction avec … les territoires du Golan occupé par l’État sioniste d’Israël.
Malgré le soutien de la milice armée sioniste occupante voisine, les terroristes locaux (ils tirent sur les villages sous contrôle de l’AAS en tuant des civils) sont aujourd’hui en grande difficulté. Ce WE, l’AAS a enfin réussi à rompre les lignes défensives de la partie Est de la « poche de Beit Jinn ». Un des villages, clef de la vallée, est dorénavant encerclé. La poche est divisée en deux. L’AAS leur propose deux solutions : accepter un accord de transfert vers Idlib ou bien d’être anéantis. Problème : ils sont adossés à la milice sioniste Tsahal et peuvent donc encore espérer son aide militaire comme cela s’est produit régulièrement ces derniers mois. Et Idlib n’est plus aussi calme qu’auparavant. Nous en parlons plus bas dans ce compte-rendu.
Cela étant dit, il n’y a aucun doute sur la fin de cette bataille ; à savoir que l’AAS finira par reprendre possession de ces trois gros villages du Golan non-occupé (par Israël).
FRONT DE DAMAS
Dans la capitale syrienne, le Front se décompose en deux parties : la Goutha-Est (banlieue semi-rurale du nord-est de Damas) et le camp de Yarmouk aux mains d’un groupe de l’ASL et surtout de l’EI.
– Les combats dans la Goutha-Est répondent à une négociation en cours pour aboutir à un cessez-le-feu et à un retour à la normal de toute cette zone urbaine et ces hameaux. Un groupe rebelle est éligible aux accords de réconciliation selon les critères fixés par Damas et ses alliés. Mais ce groupe a comme voisin ses complices d’hier d’Al-Qaïda. Il y a donc aussi des conflits entres ces groupes pour des raisons pour lesquelles il faudrait une émission de radio de plusieurs dizaines de minutes pour vous en expliquer l’historique et le pourquoi du comment d’aujourd’hui. Retenez simplement que s’il y a eu, il y a quelques semaines, un premiers pas dans la partie nord de la Goutha-Est, dans la ville de Doura, avec l’entrée d’un convoi d’aide humanitaire, rien n’a vraiment évolué positivement depuis ce moment-là.
– La poche de l’EI dans le sud de Damas n’est pas un danger vital mais une épine dans le pied de la capitale. L’EI pourrait être vaincu si l’AAS et les rebelles de l’autre partie du camps de Yarmouk (camp de réfugiés palestiniens au départ) se mettaient d’accord pour leur régler leur compte. Sauf que la soi-disant ASL refuse tout accord en ce sens avec l’AAS. Rappelons que ces groupes qui contrôlent le camps n’ont rien de Palestiniens.
Comme nous le voyons Damas n’est toujours pas sortie du terrorisme et de son sac de nœuds.
FRONT DE HAMA-IDLIB
Mais le gros morceau de ce qui va concentrer l’essentiel de l’actualité militaire des prochaines semaines et mois, c’est bien ce Front du nord de Hama qui fait face à la région d’Idlib occupée par différents groupes rebelles, islamistes, djihadistes et terroristes.
Depuis la défaite majeure de l’EI en Syrie et en Irak, l’AAS retourne son attention sur cette région qui concentre le gros des troupes des mercenaires de l’agression étrangère contre la Syrie.
Nous avons déjà un réchauffement de ce front, sur son coin sud-est où l’AAS a repoussé les lignes djihadistes de l’artère toujours vitale pour approvisionner la ville et la région d’Alep. Il y a aussi une partie de ce Front qui a vue l’AAS reprendre certains points perdus précédemment et même de nouveaux. Mais cela ne correspond en rien à l’offensive majeure que prépare l’Etat-Major syrien avec le soutien de l’aviation russe encore présente en Syrie. En effet, depuis des semaines et plus encore depuis ces derniers 15 jours, l’AAS concentre ses troupes sur ce Front pour cette offensive tant attendue. Les Forces Tigres et sa Brigade la plus expérimentée y ont été positionnées. La Grande Bataille devrait bientôt commencer.
Notons que sur ce Front se trouve un problème pour Al-Qaïda. Car il s’agit bien d’Al-Qaïda (« Al-Nusra » hier, « Hay’at Tahrir Al-Sham » aujourd’hui) et de ses complices djihadistes d’Asie centrale et d’un autre groupe de l’ASL, lui alimenté en armes en ligne directe par Washington. Et ce problème a un nom : l’EI ! En effet, lors de l’offensive de l’AAS sur le centre de la Syrie, certains éléments de l’EI en fuite ont réussi à s’infiltrer dans la région d’Idlib. Et depuis, les combats opposent les deux frères ennemis. L’AAS regarde ce match de tennis meurtrier en spectateur jusqu’à présent. Et elle a bien raison.
CONCLUSION
Nous voilà donc en cette fin d’année 2017 avec une victoire contre les principales forces de l’EI qui a été réduit à un groupe parsemé n’ayant plus une force de frappe suffisante pour être un danger vital. Plus des trois quarts du territoire syrien est sous le contrôle du Gouvernement de la République Arabe Syrienne. De nombreux villages et villes ont signé des accords de réconciliation qui permettent ainsi au services de l’État de se redéployer de nouveau afin de faciliter le retour des populations civiles et leur vie quotidienne. L’AAS se trouve renforcée par la livraison (encore récemment) de matériel militaire russe. La victoire de Damas est bien la ferme perspective des combats de demain.
Mais avec les tensions géopolitiques (Russie-Iran contre USA-Arabie saoudite) toujours vives, il ne faut pas s’attendre que les combats qui arrivent pour la région d’Idlib soient une formalité. Il s’agit dorénavant pour tous ces groupes terroristes d’une question de vie ou de mort. Et pour leurs soutiens d’une dernière carte à jouer pour que la Paix se fasse dans les plus mauvaises conditions possibles en Syrie.
Parions que nous allons voir dans les prochains jours et semaines l’apparition d’offensives de la part de ces groupes afin de retarder le plus possible le grand coup de butoir que l’AAS prépare depuis plusieurs semaines et dont les préparatifs semblent toucher à leur fin actuellement.
La lutte contre le terrorisme en Syrie n’est pas encore terminée. Et surtout, l’entrée de la Turquie de nouveau en Syrie pour faire face aux forces kurdes et la présence militaire de Washington soutenant des forces opposées risquent d’ouvrir une nouvelle guerre dans la guerre.
FB